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LA LOI NATURELLE. 284. pie, un homme qui se fait couper un membre gangrené souffre de la douleur, et c’est afin de ne pas périr tout entier. D. Mais cela même ne prouve-t-il pas que nos sensa tions peuvent nous tromper sur le but de notre conser vation? R. Oui : elles le peuvent momentanément. D. Comment nos sensations nous trompent-elles? R. De deux manières : par ignorance, et par passion. D. Quand nous trompent-elles par ignorance? R. Lorsque nous agissons sans connaître l’action et l’effet des objets sur nos sens; par exemple, lorsqu’un homme touche des orties sans connaître leur qualité pi quante , ou lorsqu’il mâche de l’opium dont il ignore la qualité endormante. D. Quand nous trompent-elles par passion? R. Lorsque, connaissant l’action nuisible des objets, nous nous livrons cependant à la fougue de nos désirs et de nos appétits ; par exemple, lorsqu’un homme qui sait que le vin enivre en boit avec excès. D. Que résulte-t-il de là? R. Il en résulte que l’ignorance dans laquelle nous nais sons, et que les appétits déréglés auxquels nous nous li vrons, sont contraires à notre conservation ; que par con séquent l’instruction de notre esprit et la modération de nos passions sont deux obligations, deux lois qui dérivent immédiatement de la première loi de la conservation. D. Mais si nous naissons ignorans, l’ignorance n’est- elle pas une loi naturelle ?