Volltext Seite (XML)
LES RUINES. l46 corde avec les vraisemblances, la raison établit le sien, et dit avec assurance : » Avant qu’une nation eut reçu d’une autre nation des dogmes déjà inventés ; avant qu’une génération eût hé rité des idées acquises par une génération antérieure, nul de tous les systèmes composés n’existait encore dans le monde. Enfans de la nature, les premiers humains, an térieurs à tout événement, novices à toute connaissance, naquirent sans aucune idée, ni de dogmes issus de dispu tes scolastiques ; ni de rites fondés sur des usages et des arts à naître ; ni de préceptes qui supposent un dévelop pement de passions ; ni de codes qui supposent un lan gage , un état social encore au néant ; ni de divinité, dont tous les attributs se rapportent à des choses physi ques , et toutes les actions à un état despotique de gou vernement ; ni enfin A'arne et de tous ces êtres métaphy siques que l’on dit ne point tomber sous les sens, et à qui cependant, par toute autre voie, l’accès à l’entendement demeure impossible. Pour arriver à tant de résultats, il fallut parcourir un cercle nécessaire de faits préalables ; il fallut que des essais répétés et lents apprissent à l’homme brut l’usage de ses organes ; que l’expérience accumulée de générations successives eût inventé et perfectionné les moyens de la vie, et que l’esprit, dégagé de l’entrave des premiers besoins, s’élevât à l’art compliqué de comparer des idées, d’asseoir des raisonnemens, et de saisir des rapports abstraits.