26 PREMIER VOYAGE bouche ; le suivant faisait un demi-cercle en l’acceptant ; un autre tenait la coupe en l’air ; un quatrième la bais sait jusqu’à terre , et ainsi de. suite. Je suis naturellement enclin à rire; j’avoue qu’en cette occasion j’ai dû faire des efforts sérieux pour ne pas éclater, en contemplant la gravité que ces pauvres sauvages observaient au milieu de toutes ces simagrées ridicules. Ces façons de lumer entrent dans leur pratique superstitieuses de re ligion; chacun a la sienne , dont il n’oserait dévier pen dant toute sa vie, de peur de déplaire à ses manitous. Je leur fis Connaître les motifs de ma visite , le comman dement que Dieu avait fait aux Robes-noires d’aller prêcher sa sainle loi à toutes les nations de la terre, l’obligation que tous les peuples avaient de la suivre dès qu’ils la connnaîtraient, le bonheur éternel qu’elle procure à tous ceux qui la suivraient fidèlement jusqu’à la mort, et l’enfer avec tous ses tourments, qui serait le partage de quiconque fermerait l’oreille à la parole de Jésus-Christ. Je leur fis concevoir les avantages que leur procurerait une mission, et je finis en leur prêchant les principaux points du christianisme. Les sauvages m’accordèrent la plus grande attention et parurent dans l’admiration de la sainte doctrine que je venais de leur expliquer. Ils tinrent conseil entre eux pendant l’espace d’une demi-heure , et l’orateur, au nom de tous les chefs, m’adressa les paroles suivantes : « Robe-noire, vos paroles ont trouvé accès dans nos cœurs, elles n’en sortiront jamais. Noqs désirons de connaître et de pratiquer la sublime loi dont vous venez de nous faire part, au nom du Grand-Esprit, que nous aimons. Tout notre pays vous est ouvert, vous n’avez qu’à faire votre choix pour y former un établisse ment. Tous, tant que nous sommes, nous quitterons les plaines et les forêts, pour verïir nous placer sous vos ordres , autour de vous. » Je leur conseillai, en attendant cet heureux jour, de choisir des hommes sages dans leurs différents camps, pour faire les prières en commun