2'| PREMIER VOYAGE d’un monde entier recouvertes comme d’un linceul par des neiges éternelles. Le 19, nous découvrîmes les Montagnes-au-Pent, où la caravane a son rendez-vous et se sépare; nous en étions cependant encore éloignés de neuf journées de marche. Tous les jours nous nous apercevions que le froid était de plus en plus sensible, et, le 2Zi, nous traversâmes des plaines couvertes de neige. Le lendemain nous nous rendîmes, des eaux tributaires du Missouri sur celles du Colorado, qui se jette dans la mer Pacifique par la Cali fornie,;! deux degrés plus au sud que la Nouvelle-Orléans. Le passage à travers les montagnes est presqu’imper- ceptible ; il a de cinq à vingt-cinq milles de largeur, et quatre-vingts de longueur. On calcule que ces montagnes ont de vingt à vingt-quatre mille pieds au-dessus de la mer Atlantique. Le 30, j’arrivai au rendez-vous, où une bande de Têtes-plaies, qui avaient été avertis de mon approche, m’attendait déjà. Il eut lieu, comme je l’ai dit plus haut, sur la Rivière-P'erte, un tributaire du Colorado; c’est l’endroit où les chasseurs aux castors et les sauvages de différentes nations se rendent tous les ans pour vendre leurs pelleteries et pour se procurer les choses nécessaires. Je vous donnerai ici une petite notice sur les mœurs , les caractères et les localités des différents peuples des montagnes, d’après'mes propres observations et d’après les meilleures informations que j’en ai pu obtenir. Les Soshonies , c’est-à-dire les déterreurs de racines, surnommés les Serpents, se trouvaient en grand nombre au rendez-vous. Ils habitent la partie méridionale du territoire de l'Orégon, dans le voisinage de la haute Californie. Leur population d’environ dix mille âmes se partage en plusieurs peuplades disséminées çà et là dans le pays le plus inculte de toute la région à l'ouest des mon tagnes ; presque toule la surface y est couverte de scories