ontre à cent le nombre des buffles que les sauvages du Missouri tuent tous les ans pour leurs propres besoins,pour leurs tentes, leurs vêtements et leurs couvertures de selle. Le 28, nous passâmes à gué la Fourche du Sud de la Plate. Toute cette région, jusqu’aux grandes mon tagnes , est une véritable bruyère, rocheuse et sablon neuse, couverte de scories et d’autres substances vol caniques; il n’y a d’endroits fertiles que sur fis rivières et les ruisseaux. Cette région, nous dit un voyageur moderne , ressemble aux déserts de l’Asie par ses vastes plaines ondulantes et dégarnies de bois, et par ses terres incultes , sablonouses et solitaires , qui fatiguent l’reil par leur étendue et leur monotonie. C’est un pays où l’homme ne fait point sa demeure ; dans certaines saisons de l’année, le chasseur même et son coursier y manquent de nourriture. L’herbage y est brûlé et dé périt ; les rivières et les ruisseaux sont à sec ; le buffle , le cerf et le chevreuil se retirent dans des parties éloi gnées , se tiennent sur les bords de la verdure expi rante, et laissant derrière eux une vaste solitude inha bitée, entrecoupée de ravins et de lits d’anciens torrents qui aujourd'hui ne servent qu’à tourmenter le voyageur et à augmenter sa soif. D’espace en espace la monotonie de ce grand désert est interrompue par des monceaux de pierres , confusément entassés contre des ruines ; ou bien il est traversé par des bancs de rochers qui se dressent devant le voyageur comme d'infranchissables barrières : telles sont les Côtes-Noires. Au delà s’élèvent les Montagnes Rocheuses, les limites du monde atlan tique. Les gorges et les vallées de cette vaste chaîne donnent asile à un grand nombre de tribus sauvages, dont plusieurs ne sont que les restes mutilés de diffé rents peuples, jadis paisibles possesseurs des prairies, et maintenant refoulés par la guerre dans des défilés presque inaccessibles, où la spoliation n’essaiera plus de les poursuivre.