AUX MONTAGNES ROCHEUSES 13 verdure et des festons de fleurs ; et parce qu'autour d’elles le fleuve était rapide, elles semblaient elles- mêmes fuir sur les eaux, complétant le charme de l’il lusion par cette apparence de mouvement. Les deux bords de cette rivière ne sont point boisés ; les arbres que les îles produisent principalement sont les peupliers, com munément appelés cotonniers; les sauvages les cou pent en hiver, et l’éeorce sert de nourriture à leurs chevaux. Sur la plaine de la Plate on voyait bondir de nombreux - cabris ; j’en comptais souvent plusieurs cen taines d’un seul coup-d’œil ; c’est l’animal le plus agile des prairies. Le chasseur emploie la ruse pour en ap procher : il s'élance au grand galop vers l’animal ; ce lui-ci part comme un éclair, laissant le cavalier à une grande distance derrière lui; bientôt il s’arrête pour l’observer (c’est un animal très-curieux); pendant ce temps le chasseur descend de cheval et se couche ventre à tei're ; il fait toutes sortes de cabrioles avec les bras et les jambes, secouant de temps en temps son mou choir ou un bonnet rouge au bout de la baguette de son fusil. Le cabri approche à pas lents pour le recon naître et l’observer ; et lorsqu’il est à la portée de la carabine, le chasseur lui lâche son coup et Je couche par terre. Souvent il en abat jusqu’à six avant que la bande se disperse. Les antres animaux sont rares dans cette région ; il y a cependant des signes évidents que le gibier n’y a pas toujours manqué. Pendant plusieurs journées de marche,-nous trou vâmes toute la plaine couverte d’ossements et de crânes de buffles rangés en cercles ou en demi-lunes, et peints de différentes devises. C’est au milieu de ces crânes que les Pawnées ont coutume de pratiquer leurs sortilèges superstitieux, lorsqu’ils vont à la guerre ou à la chasse. Le matelot, après un long voyage sur mer, se réjouit à la vue d’herbes flottantes, ou de petits oiseaux de terre qui, venant se reposer sur les cordages du navire, lui