AUX MONTAGNES ROCHEUSES 9 cotonnier, populus deltoïdes, est un autre géant qui croit à une hauteur prodigieuse; le bignonia radicans paraît s’y accrocher de préférence, monte jusque dans ses sommets , et déploie une profusion de grandes fleurs de couleur de flammes et de formes à trompettes. Le voya geur admire ici les mille grandes et hautes colonnes du cotonnier, enveloppées, de la terre jusqu’aux bran ches, d’une draperie de lierre d’une profonde verdure. C’est un de ces charmes de la nature qu’on ne peut se lasser de contempler. Le cornouiller, cornus florida, et le bouton rouge, cercis canadencis, tiennent le mi lieu de l’arbre et de l’arbrisseau. Le premier a une belle feuille en forme de cœur et étend ses branches en parapluie; elles se couvrent dans le printemps de bril lantes fleurs blanches ; dans l’automne elles présentent de belles baies écarlates. L’autre est le premier arbris seau qu’on voit en fleurs le long du Missouri. Ces arbrisseaux sont dispersés de tous côtés dans la forêt ; et au commencement du printemps, leurs masses de fleurs brillantes forment un contraste gracieux avec le brun dominant de la forêt. Le bouton rouge donne au paysage un charme que le voyageur qui le voit pour la première fois ne saurait jamais oublier. Le cerisier sauvage, le mûrier, le frêne y sont très-communs. Le sol, dans tous scs bas-fonds, est prodigieusement riche, fortement imprégné de substances salines et de pierres calcaires décomposées. Ces rivages cependant sont très-incertains et s’ébou lent continuellement; ce qui rend l’eau de ce fleuve, d’ailleurs très-légère et saine à boire, bourbeuse et dé goûtante. Les bancs de sable et les arbres au fond de l’eau sont si nombreux , que l’on s’y habitue et qu’on ne songe guère aux dangers qu’on court à chaque instant. Il est intéressant d’observer à quelles étendues les racines s’en foncent dans ce sol fertile; là où la terre s’éboule, on en observe toute la profondeur; en général, il n’y a