— 6o — prendre à nous autres, de n’attendre point fi tard noftre conuerfion & l’amendement de noftre vie, peur de ne pas trouuer Dieu quand nous le chercherons, s’il ne nous a trouué quand il nous a cherché. Le fieur du Pont ayant mis ordre à tout ce qui ef- toit neceflaire pour l’habitation & confolé un chacun de fes viéhiailles, il monta aux trois Riuieres pour la Traicle, où le P. Paul fift drefler une Chappelle auec des rameaux pour la fainéle Meffe qu’il y célébra tout le temps qu’on fut là. Il excita aufli Beauchefne & tous les autres François de faire les feux de la S. 49 Pierre &de tirer en l’honneur du Sainét || tous les perriers de la barque. Le Borgne de l’Isle Capitaine Algoumequin y eftoit prefent, mais comme on luy vint à dire de fe retirer de derrière le perrier qu’on alloittirer, il s’en fcandaliza & n’en vouloit rien faire, difantqueles vrais Capitaines n’auoient pointde peur, mais on le contraignit! pourtant de fe retirer, qui fut bien à la bonne heure pour luy & pour les François, car le perrier creua & ietta fa culalfe par le mefme endroit d’où on l’auoit faiét fortir, & s’il luy fut mef- arriué nonobflant l’aduertifl’ement qu’on luy auoit donné ceux de fa nation l’euffent creu tué à deflein, & nous enflent fa ici la guerre unis auec tous les autres Sauuages, lefquels quoy que moins armez que les François efloient capables de nous troubler&ve nir à main armée iufques à l’habitation, où on n’eft pas fi fort qu’on aye befoin d’ennemis plus forts que les moufquites& la faim. La Traicle eftant finie& les Sauuages partis, chacun rentra dans les barques qui fe rendirent promptement à Kebec, où il fut iugé à