— 53 — mander le tout à Dieu, fans fe plus attendre aux mar chands, & faire de leur coïté ce qu’ils pourraient, puifqu’il n’y auoit plus d’efperance de fecours. En fuitte dequoy un chacun des Religieux fepropofa un pieux & particulier exercice auec l’ordre du R. P. Commiflaire, les uns d’aller hyuernerauec les Monta || 4i gnais, les autres d’adminiftrer les Sacremens aux Fran çois, & ceux qui ne pourraient davantage chantaient les loüangesde noïlre Dieu en la petite Chappelle, inf- truifoient les Sauuages qui les venoient voir & vac- quoient à la fainéte Oraifon, & à ce qui eftoit des fonc tions de Religieux. Pendant le voyage du P. Dolbeau, le P. lofephfift le premier mariage qui fe foit faiél en Canada auec les ceremonies de la S. Eglife, entre Eïlienne lonqueft Normand, & Anne Hebert, fille aifnée du fieur Hé bert, qui depuis un an eftoit arriué à Kebec, luy, fa femme, deux filles & un petit garçon, en intention de s’y habituer & y perfeuerent encores à prefent, no- nobftant les grandes trauerfes des anciens marchands qui les ont traitiez auec toutes les rigueurs poffibles, penfans peut eftre leur faire perdre l’enuie d’y demeu rer & à d’autres mefnages de s’y aller habituer qu’en condition de feruiteurs oupluftoft d’efclaues, qui ef toit une efpece de cruauté aufti grande que de ne vou loir pas qu’un pauure homme ioüifle du fruiél de fon trauail. O Dieu partout les gros poiflbns mangent les petits. Meftieurs les nouueauxaflbciez ont à prefent adoucy toutes ces rigueurs & donné tout fuiet de contentement à cefte honnefte famille qui n’eft pas peu à fon ayfe, &