— 49 — meaux comme i’ay dit, mais la modeftie & retenuè de nos Sauuages n’eft pas feulement coniiderable en cela; mais ce que i’admire encore dauantage, eft : qu’ils ne touchent point aux barques ny aux cha- louppes, que les François laiffent fur la greue pendant les hyuers; modeftie que les François mefme n’au- roient peut eftre pas en pareille liberté; s’ils n’auoient l’exemple des Sauuages. Il me femble que la Tourterelle & le Roflignolfont le vray fymbole des reprouuez & predeftineZ; car la première ne faiél que pleurer & l’autre de fe refiouir. Le iufte pâtit & le reprouué fe refioüit; l’un eft tou- fiours heureux & l’autre toujours mal-heureux; mais ce toufiours n’eft qu’un moment deuant l’eternité. O || mon Dieu voicy une vérité cognuë de bien peu de perfonnes; car on ne faiét eftat aujourd’hui; que de ^7 ceux qui ont de quoy & qui font en faneur, ô ri- cheffes & richars vous périrez, vous mourrez & ferez enfeuelis aux enfers, fi vous ufez mal des biens que Dieu vous adonné. Et vous ô Roys, oyez & entendez ; & vous ô luges de la terre apprenez que cefte puif- fance laquelle vous exercez maintenant, vous a efté donnée par ce Dieu tout puiffant, qui demandera compte de toutes vos œuures, & efpluchera vos pen- fées, d’autant que vous eftans les Miniftres de fon Royaume, n’aurez iugé félon droiture & équité ny gardé la loi de iuftice, moins aufti cheminé conforme ment à la volonté de voftre Dieu, pourquoy bien-toft & fort horriblement, il s’apparoiftra à Vous, à caufe de la rigueur du iugement,qui fera fa ici à ceux là qui commandent : car la mifericorde eft pour les pauures : 4-