— 40 — qui eft en grande abondance dans leurs cabanes, no tamment lors qu’il fait un temps nébuleux & de neige, luy penfa perdre la veuë qu’il n’auoit des-ja gueres bonne, & fut plufieurs iours fans pouuoir ouurir les yeux qui luy faifoient une douleur extreme, telle ment que dans l’apprehenfion que ce mal augmen tait il fut contraint de les quitter après deux mois de temps & reuenir à l’habitation viure avec fes freres, car noftre Seigneur ne demandoit pas de luy la perte 27 de fa veuë, ains qu’en le feruant il mefnageat pru-1) demment fa fanté laquelle eft neceflaire dans un fi grand trauail. Or quelqu’un me pourroit demander la raifon pour- quoy il auoit pluftot choifi l’Hyuer, temps fort in commode & fafcheux pour aller auec eux, que lafai- fon d’Efté plus gaye & fupportable à la piqueure des moufquites près: La principale raifon qu’on en peut donner eft à mon aduis, que les Montagnais n’ont pas de quoy viure en Efté comme ils ont en Hyuer, car l’Eslan qui eft leur principale manne ne fe prend que pendant les grandes neiges qui tombenten abon dance dans les montagnes du Nord, où ils font leur chaffe au poil, & à caufe d’icelles montagnes les Sau nages qui les hantent font appelez Montagnais. le ne fcay fi ie me trompe, mais il me femble que ces pauures gens viuent encore de la mefme forte de nos premiers parens après le péché. Ils n’ont ny maifon ny buron & ne s’arreftent en aucun lieu qu’où ils trouuent de quoy viure, la viande faillie ils leuent le camp qu’ils pofent en autre endroit où ils croyent trouuer de la befte, ou du poiflbn & quelques