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— 26g — des leuls fagamitez, auec un bien peu de poiffon, on fe porte fort bien, & fi tous ces apprefls fe font à fort peu de frais, fans qu’il y ait neceïïité d’y adioufter de la viande, du poitfon, beurre, fel, huyle, herbes ou efpices, fi on ne veut, car ce bled porte prefque toute fa fauce quand & luy, c’eft ce qui me faicl fouhaitter d’affeétion, d’en voir beaucoup de terres cultiuées en France, pour le foulagement des pauures qui y font partout en très-grand nombre, & vont toufiours mul- tiplians à mefure que les miferes du fiecle croiffent. Ils le diuerfifient & accommodent en plufieurs fa çons, pour le trouuer bon en meneftre & potage, car comme nous fommes curieux de diuerfes fauces pour contenter noftre appétit, auffi font ils foigneux d’in- uenter de nouuelles maniérés d’accommoder leurme- neftre, dont i’ay traiclé amplement en mon premier volume, intitulé le grand voyage des Hurons, im primé à Paris, chez Denis Moreau rue S. Jacques, où ie renuoye ceux qui s’en voudront feruir & ufer de ce bled pour leur viure. Nos Hurons fe feruent auffi des vieux os de poif- fon réduits en poudre pour donner gouft à leur faga- mité quand ils n’ont autre chofe à mettre dans leur pot, mais les Canadiens & || Algoumequins fouuerai- 287 nement plus gueux mangent iufques à la raclure des peaux d’Eslans & de Cafiors, qu’ils reduifent enmafl'e dure comme pierre, i’y fus trompé, car penfant auoir traiclé un morceau de viande boucannée des Algou mequins, qui eftoient venus hyuerner à la Province des Ours, elle deuint à force de bouillir ce qu’elle efloit auparauant, tellement que perfonne n’en pû