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— 268 — donner du gouft & le rendre meilleur; car il eft fort fade de foy, fi on n’y mesle de ces petits ragoufts. Ils font encor d’une autre forte de pain, que nous appellions pain mafché; ils cueillent une quantité d’ef- pics de bled, auant qu’il foit bien fec & meur, puis les femmes, filles & enfans auec les dents en defta- chent les grains, qu’ils reiettent auec la bouche dans de grandes efcuelles, qu’elles tiennent auprès d’elles, apres on l’acheue de piler dans le grand mortier : on en peftrit la parte, & en faicfs * des tourtelets qu’on en- ueloppe dans des feuilles de bled, pour les faire cuire fous les cendres chaudes à l’accouftumée; ce pain maf ché eftle plus eftimé entr’eux, mais pour moy ie n’en mangeois que par neceffité & à contre cœur, à caufe que le bled auoit efté ainfi à demy mafché, pilé & peftry, auec les dents des femmes, filles & petits en- fans. Ils font une troifiefme efpece de pain qu’ils ap pellent d’un nom particulier Coinkia, caries autres fufdits, auec celuy duquel nous ufons par deçà, & raefmes le bifcuit, ils l’appellent Andataroni ; ils re- duifent la parte comme deux balles iointes enfemble, les enueloppent de feuilles qu’ils lient par le milieu d’une cordelette, auec laquelle ils auallent ce pain dans une chaudière d’eau bouillante, & l’y laiflent prendre plufieurs*bouillons, eftant cuit, ils l’en reti rent & le mangent fans le faire paffer par le feu. 286 || Ce pain de maiz & la fagamité qui en eft faiéle, eft de fort bonne fubftance, & nourrit merueilleufement, comme on peut voir en ce que ne beuuant iamais que de l’eau pure, mangeant peu fouuent de ce pain, en core plus rarement de la viande, n’ufans prefque que