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— 265 — tant de ce peu qu’il a, vit de ce qu’il peut pefcher, chaffer & femer, car toutes les terres, forets & prai ries non defriche'es, font en commun, & eft permis à qui veut de les défricher & enfemencer, & cette terre ainfi defri || chée, demeure à la perfonne autant d’an- 282 nées qu’il la cultiue, & eftant entièrement aban donnée du maiftre, s’en fert par après qui veut & non autrement. Ils les défrichent auec grand peine & trauail, pour n’auoirdes inftrumens propres & commodes, car nos Hurons n’ont pour tout outils que la hache & la pe tite pesle de bois, fa icie comme une oreille, attachée par le mollet au bout d’une manche, où celles de nos Montagnais reffemblent un peu à celles des batteliers un peu creufées. Ils efmondent les branches des arbres qu’ils ont couppez, & les bruslent au pied d’iceux, & par fuccef- fion de temps en oftent les racines, puis les femmes nettoyent bien la terre & befchent de deux en deux pieds ou peu moins, une place en rond, où elles fement au mois de May à chacune neuf où dix grains de maiz, qu’elles ont premièrement choifi, trié et faiét tremper par quelque * iours dans de l’eau, & conti nuent ainfi tant qu’ils en ayent affez pour deux ou trois ans de prouilion,foitpourla crainte qu’il ne leur fuccede quelque mauuaife année, ou bien pour l’aller traiéler & efchanger en d’autres Nations, pour des pelleteries, ou autres chofes qui leur font befoin, & tous les ans fement ainfi leur bled aux mefmes places & endroits, qu’elles rafraifchiffent auec leur petite pesle de bois, le refte de la terre n’efl point labourée,