— 256 — nousen Croix.C’eft cette tres-admirable Princeflequi d’un profond reffentiment de fon ame, nous dit un iour dans fon petit cabinet: O mon Dieu, falloit il que les Religionnaires paflaftent la mer pour ayder à perdre les âmes des Canadiens, que ces bons Reli gieux tafchent de conuertir à Dieu, par leurs prières & bons exemples. Il eft vray qu’il ne fe voit rien de comparable à une femme vrayement deuote & fpirituelle, elle entre- prent tout pour l’amour de fon efpoux lefus Chrift, elle fouffre tout pour le mefme amour, puis vous la voyez tantoft faire l’office de Marte, puis celuy de Magdelene. Elle fçait mefnager fes heures pour tous & les donne toutes à Dieu, car foit qu’elle vaque à l’Eglife, à fon mefnage, en compagnie, ou rende fes vifites, comme fon intention eft faincle, tous fes pas & fes allions lont contées deuant Dieu ; mais que ne peut la grâce enuers celles qui ont une bonne volonté, puifque la nature vitiée des fon origine peut mefme par frequens aéles, changer nos mauuaifes inclinations en de bonnes habitudes, &.nous rendre de vicieux vertueux, comme les anciens Philofophes nous ont 272 fait voir en l’honnefteté de leur vie, & en la pa- || tience aux iniures & au mefpris qu’ils enduraient mieux que nous. Que pleuft à Dieu que le nombre des bonnes fem mes fuft le plus grand nombre, les pauures ne feraient plus pauures, les affligez defolez, car chacun trouue- roit fupport en fa pauureté, & confolation dans fes detreffes, le Ciel nous ferait ouuert, & verrions à la fin un Dieu, qui fait plus d’eftat de l’humilité d’une