— ■ 243 — en leur village tout nuds, chantans alaigrement apres auoir tout perdu au noftre, &eft une fois arriuéqu’un Canadien perdit (après toutes fes hardes) & fa femme, & fes enfans contre le fleur Du Pont Graué, lequel les luy rendit après volontairement & de fort bonne volonté, car il n’euft pas voulu fe charger d’un tel at tirail, qui luy euft apporté plus de peine que de pro fit, & neantmoins, il eftoit en luy de les retenir fans que le Sauuage l’eut pû trouuer mauuais. Les hommes ne s’adonnent pas feulement au ieu des ioncs nommé Aefcara, qui font trois ou quatre cens petits ioncs blancs, également couppez de la gran deur d’un pied ou enuiron, mais aulli à plufieurs autres fortes de ieu, comme de prendre une grande ef- cuelle de bois, & dans || icelle auoir cinq ou fix noyaux z5y ou petites boulettes un peu plattes de la groffeur du bout du petit doigt & peintes de noir d’un cofté & blanche * ou iaune * de l’autre, & eftans tous afïïs à terre en rond, à leur accouftumée, prennent tour à tour félon qu’il efchet, celle efcuelle auec les deux mains qu’ils esleuent un peu de terre, & à mefme temps l’y repofent & frappent un peu rudement, de forte que ces boulettes fe remuans, ils voyent comme au ieu des dez de quel cofté elles fe repofent & fi elles font pour eux ou non, & pendant que celuy qui tient l’efcuelle la frappe & regarde à fqn ieu, il dit conti nuellement & fans intermiflion, Tet, Tet, 7'et, Tet, penfant que cela excite & fait bonieupour luy; encor que cela ne fert que d’un amufement, plus tolerable que les choleres de nos ioüeurs de cartes & de dez, qui s’emportent à leurs premières pallions.