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— 233 — rante quatre degrez et demy de latitude., et félon au cuns le Soleil se leue fix ou fept heures plus tard fur leur Orifon que fur celuy de Paris, tellement qu’il eft icy enuiron fix heures du matin, qu’il n’eft encor aux Hurons que unze heures ou minuit du iour prece dent, fi la fupputation en eft bien faite, laquelle ie rapporte Amplement comme ie l’ay apprife. Ce pays elt tres-beau & agréable, fort deferté & tra- uerfé d’eflangs, & de lacs, avec de beaux ruiffeaux qui fe defgorgent dedans ce grand lac, que nous ap pelions la Mer douce. Il eft plein de belles collines, campagnes, & de très belles & grandes prairies qui portent quantité de bon foin, auquel les François mettent le feu fur le pied quand il eft fec, non pour en profiter, mais pour fe recreer. Il y a aufti en plufieurs endroits quantité de froment .fauuage, quia l’efpic comme feigle, & le grain comme de l’auoine : i’y fus trompé, penfant au commence ment que i’en vis, que ce fuflent champs enfemancez de bon || grain : ie fus de mefme trompé aux pois fau- 246 uages, où il y en a en diuers endroiéls aufti efpais comme s’ils y auoient efté femez & cultiuez : & pour monftreréuidemment la bonté de la terre, un Sauuage du village de Toenchen ayant planté dans un coin de fon champ un peu de pois qu’il auoit apporté de Ke- bec, rendirent en quantité leurs fruiéts deux fois plus gros que leur femence, de quoy ie m’eftonnay, n’en ayant point veu par tout ailleurs de fi beaux. Il y a de belles forefts, peuplées de gros chefnes, fouteaux, herables, cedres, lapins,ifs & autres fortes de bois beaucoup plus beaux, fans comparaifon,