— 226 — 23y || nuë qu’il fit ietter au milieu du grand fleuue fa inet Laurens en la prefence de nous tous, pour affeurance aux meurtriers Canadiens , que leur faute leur eftoit entièrement pardonnée, & enfeuelie dans l’oubly, en la mefme forte que cette efpée eftoit perdue & enfeue lie au fond des eauës, & par ainfi qu’ils n’en parle raient plus. Mais nos Hurons qui fçauent bien diffimuler & qui tenoient bonne mine en cette aétion, eftans de re tour dans leur païs, tournèrent toute cette ceremonie en rifée & s’en mocquerent difans que toute la cho iera des François auoit efté noyée en céte efpée, & que pour tuer un François on en ferait dorefnauant quite pour une douzaine de caftors, en quoy ils fe trom- poient bien fort, car ailleurs on ne pardonne pas fi facilement & eux-mefme * y feront quelques iours trompez s’ils font des mauuais, & que nous foyons les plus forts. Pendant l’Hyuer les Ebicerinys fe vindrent caba- ner au pays de nos Hurons à trois lieues du botftg de fainél lofeph, d’où nous les allions quelquesfois voir, & comme ils font affez bonnes gens ainfi que i’ay dit ailleurs, ils nous rendoient nos vifites & fe trouuoient fouuent dans noftre cabane, pour nous confiderer & s’entretenir de difcours auec nous, car ils fçauent les deux langues, la Huronne & la leur, quoy que très differentes, ce que n’ont pas les Hurons, lefquels 238 ne fçauent ordinairement que la leur maternelle, || fans fe mettre en peine d’en apprendre d’autre, ou par négligence, ou pour le peu de neceffité qu’ils ont des autres Nations, ayans dans leur pays prefque tout