— 224 — Nous les en auons quelquesfois repris, mais ils ne pouuoient croire qu’il y eut de l’offence pour la hayne irréconciliable qu’ils ont à l’encontre des Nations qui leur font ennemies, car pour les perfonnes de leur propre Nation ils en fçauent allez bien endurer & fup- porter un tort ou iniure quand il efchet, & non d’un effranger,duquel s’ils ne fe vengent à l’inftant mefme 235 pour eftre en || lieu où ils ne fe voyent eftre les plus forts, & qu’ils femblent diflimuler leur mal talent, ne vous y fiez pas neantmoins qu’à bonne enfeigne pour beau femblant qu’ils vous falfent; peur que lorfque vous y penferez le moins, ils ne vous prennent au defpourueu, & vous rendent au double ce que vous leur aurez prefté, non deux coups pour un, ny deux iniures pour une, mais la mort pour un defplaifir, car tuer un homme ou un moyneau,n’y a pas grande différence entr’eux, & de bleffer ou donner un coup d’auiron, ils ne s’en tiennent pas fouuent là, c’eft pourquoy il fait bon eftre fage par tout, & ne donner fuiet à perfonne de s’offencer fi on n’en veut eftre payé à la fin, comme l’exemple fuiuante vous fera voir. Deux François (comme i’ay rapporté au chap. 5. du i. liure) un peu trop temeraires, offencerent un iour deux Canadiens affez mal à propos, dequoy ces Ca nadiens ne firent pour lors aucun femblant, à caufe du lieu qui ne faifoit pas pour eux, & difïimule- rent cet affront iufques au temps de s’en pouuoir venger fans tefmoins. Or il arriua à quelque * fep- mainesdelà que ces deux François qui ne penfoient defià plus au defplaifir qu’ils auoient faifts* à ces deux