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mon procez & fus toufiours cru riche, & de rien en effefl, car tout noftre vaillant ne confiftoit qu’à un peu de raffades, quelques coufleaux & des petites aleines qu’on nous auoit donné à la traicle, pour viure en la campagne, & parmy les nations qui n’auroient point de charité pour nous. Il y en auoit plufieurs malicieux, qui ne venoient que pour nous defrober de nos petits emmeublemens fous prétexte de vifite, comme d’autres plus charita bles, nous apportoient des petits prefens de bled d’In de, citrouilles, fezolles & aucunefois des petits poif- fons boucannez ou frais : réciproquement nous leur en rendions d’autres, comme aleines, efpingles, fers à fléchés, ou un peu de raffade, pour leur col ou leurs oreilles, & comme ils font panures en meubles, quand ils empruntoient de nos chauderons, ils nous les ren- doient toufiours auec quelque refte de fagamité pour remerciement, & s’il efcheoit de faire feftin pour un deffunét, plufieurs nous enuoyoient noftre plat,comme ils faifoient au refte de leurs parens & amys. Cicéron efcrit que Caton le Cenfeur eftant fur le 231 point de mourir,fe repentit d’auoir || efté manger chez un fien amy qui l’en auoit prié, difant qu’il auoit faiét en cela, non en bon Citoyen Romain, mais en pre- fomptueux barbare, pour ce qu’à dire vray nul homme vertueux & genereux peut aller manger chez autruy, qu’il ne perde fa liberté & ne mette fa réputation & grauité en très grand péril, quoy qu’en puiflent dire ceux qui ne cherchent que la bonne chere, fous pré texte d’amitié & de vifite. Cette raifon & plufieurs autres nous empechoient d’aller que rarement, aux