— 2IÔ — gnoit d’y palier les nuiéls entières fans dormir, cher- chans à nous tenir & ranger debouts * ou aïlis en quel que petit coin pendant ces orages qui tomboient en- cores fur nous. Ce nous efloit une grande incommodité à la vérité, mais quand ie confidere ce que noftre Seigneur a dit de luy mefme: Les Renards ont des tanières, & les oyfeaux ont des nids pour fe retirer, mais le Fils de l’homme n’a pas où repofer fon chef, ie trouue que nous eftions grandement bien logez, & que nous au rions tort de nous en plaindre, car la gloire des vrays freres Mineurs eft, d’eftre vrayement pauur A auec Je- fus. Il n’y a que ceux qui font pauures malgré eux, 226 qui deuffent fe plaindre de l’eftre, difoit, || Ariftides Athénien, car le bon Religieux eft toufiours contant, & fe plaint rarement des chofes mefmes qui l’oppref- fent & le mettent en neceftité. La terre nuë où nos genoüils nous feruoient de table à prendre nos repas, ainfi comme les Sauuages, non en pofture de Singe, mais affis fur des bufches de bois, qui eftoit quelque chofe de plus que les barbares. Les nappes ny les feruiettes ne font point en ufage en ces païs là, & n’auions autre linge pour eflùyer nos doigts après l’eau,que les feules feuilles de bled d’Inde, car noftre linge n’eftoit que pour la Chappelle, lequel nous mefnagions fort, poureftre en pais ditfetteux & esloigné de tout fecours. Nous auions quelques couf- teaux, mais ils ne feruoient aux repas, pour ce que nous n’auions point de pain à cdupper, & fi rarement de la viande, que nous auons paffé des fix fepmaines & 2. mois entiers fans en manger un feul morceau,