— 2l5 — ioursj au grand contentement & confolation de nos âmes, carauparauant nous, ny Preftres, ny Religieux n’y auoit mis le pied, que le feul P. Jofeph le Caron, qui y dit la première meffe vers la bourgade de Toen- chain. Et peur de la main larronneffe des barbares, nous tenions les petites portes d’efcorces toufiours fermées & attachées auec des cordelettes, n’ayans pas moyen de les mieux accommoder. A l’entour de noftre logis, bien que la terre fuft un peu maigre & fablonneufe, nous y accommodâmes un petit iardin, fermé de palliffades pour en ofter le libre accès aux enfans. Les pois, herbes & autres petites chofes que nous y auions femées, y profitèrent affez bien & euffent faiét dauantage, fi la terre eut efté bien labourée, mais il nous fallut feruir d’une vieille || hache en lieu de befche & d’un bafton courbé & pointu pour tout le refie des inftrumens. Si noftre iardin n’efloit point tant bon, noftre ca bane efloit encore moindre, car pour auoir efté faiéle hors de faifon, l’efcorce fe defcreua toute & fi* fift de grandes fentes, de forte qu’elle nous garantiflbit peu ou point des pluyes, qui nous tomboient par tout, fans nous en pouuoir garantir ny le iour ny la nuiél, non plus que des neiges pendant l’Hyuer,defquelles nous nous trouuions par fois couuerts le matin en nous le- uant. Si la pluye efloit afpre elle nous efleignoit noftre feu, nous priuoit du manger & nous caufoit tant d’autres incommoditez que ie puis dire auec vérité, queiufques à ce que nous y eûmes un peu remédié, qu’il n’y auoit pas un feul petit coin en noftre cabane, où il ne pleuft comme dehors, ce qui nous contrai- 225