ment, que nous eui'mes un temps [fort ferain, dequoy ils furent fi eflonnez & rauis d’admiration, qu’ils le publièrent pour miracle, dont nous rendîmes grâces à Dieu. Et ce qui les confirma dauantage en cédé croyance fut qu’aprés auoir employé quelques iour* à ce pieux trauail & mis à fa perfetion, les pluyes recommencèrent, de forte qu’ils publièrent partout la grandeur de noftre Dieu. le ne puis obmettre un gentil débat qui arriua entr’eux, à raifon de noftre baftiment, d’un ieune gar çon lequel n’y trauaillant pas de bonne volonté, fe plaignoit aux autres de la peine & du foin qu’ils fe donnoient pour des perfonnes qui ne leur efloient point parens, & euft volontiers defiré qu’on euft de- laiffé la cabane imparfaite, & nous en peine de loger à defcouuert, mais les autres Saunages portez de meil leure affetion, ne luy voulurent point acquiefcer, & le reprirent de fa pareffe & du peu d’amitié qu’il tef- moignoit à des perfonnes fi recommandables, qu’ils deuoient chérir comme parens & amys bien qu’eftran- gers, puis qu’ils n’efloient venus que pour leur propre bien & profit. || Ces bons Sauuages ont celle loüable confiume 221 entr’eux que quand quelqu’uns de leurs concitoyens n’ont point de cabane à fe loger, tous unanimement preftent la main & luy en font une, du moins ils la mettent en tel eflat qu’ayfement de luy mefme il la peut paracheuer : & pour obliger un chacun à un fi pieux & charitable office, quand il eft queftion d’y trauailler, la chofe fe décidé toufiours en plein con- feil, puis le cry s’en fait tous les iours par la ville ou