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— 2o8 — fans comme un triangle, qui nous fuft à bon augure & une mémoire de la tres-fainfle Trinité, un feul Dieu en trois perfonne*, Peres, Fils, & S. Efprit, egalement bons, fages & puiffans. Or d’autant que i’eftois fort aymé de Oonchiarey mon Sauuage, de la plufpart de fes parens & de tous ceux de la bourgade, ie ne fçauois comment l’aduer- tir de noftre deffein, ny quelle excufe prendre pour luy faire agreer ma fortie, nous trouuames en fin moyen de luy perfuader que i’auois quelque affaire d’importance à communiquer à noftre frere lofeph, & qu’allant vers luy il falloit neceflairement que j’y portaffe tout ce que i’auois, qui eftoit autant à luy commeà moy mefme,afin de prendre chacun ce qui luy appartenoit, le bon ieune homme fe contenta de cefte raifon, fous efperance de nous reuoir bien toft, & ainfi fatisfaicl, nous primes congé de luy & partîmes pour le village du Pere lofeph. Nous nous feruimes d’un Sauuage pour guide, & pour porter nos paquets moyennant quelque petite courtoifie que nous luy donnâmes, mais le plaifir fut d’un François nommé la Criette, feruiteurdu fieur de Champlain, lequel ayant apperceu dans le bois à vingt pas de nous, un arbre tout couuert de tourte relles, & les voulans tirer, il tourna tant de fois à l’entour de l’arbre qu’il effara les oyfeaux, & luy 218 mefme s’égara, de forte qu’il nous fallut faire || cou rir noftre Sauuage après luy, qui s’enfuyoit comme un perdu à trauers les bois, penfant nous fuiuredans un l'entier contraire, & le ramener au lieu mefme où il nous auoit laiffé aflis, tellement qu’il eut bien de