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201 ■— m’aduertirent de me donner garde des larrons & trom peurs, particulièrement des Quieunontateronons qui font les plus rufez de tous, & en effet ils me caref- foient fort pour m’attraper par des inuentions qui feroient leçon à celles des fins coupeurs de bources d’icy. . C’eft une chofe digne de confideration & bien ad mirable que les Sauuages n’eftans conduits que de leur naturel, quelques corrompus qu’ils foient, s’en- tr’ayment neantmoins d’un amour fi cordial & fin- cere, qu’ils s’entr’appellent ordinairement les uns les autres, pere, frere, oncle, nepueu ou coufm, comme s’ils eftoient tous d’une mefme famille & parenté. Mon Sauuage qui me tenoit en qualité de frere, me donna aduis d’appeller fa mere Sendoue, c’eft à dire Maman, ma mere, puis luy & fes freres Ataquan, mon frere, & le refte de fes parens en fuitte, félon les de- grez de confanguinité, & eux de mefme m’appelloient leur parent. La bonne femme || difoit Ayein, mon fils, 210 & les autres Ataquan, mon frere, Saraffée, mon cou- lin, Hinoittan, mon nepueu, Hoüatinoron, mon oncle, Ayftan, mon pere : félon l’aage des perfonnes i’eftoisainfiappellé oncle ou nepueu, &c., &de peu de perfonnes qui ne me tenoient en cette qualité de pa rens, i’eftois ainfi appellé Yatoro , mon compagnon, mon camarade, & de beaucoup Garihouanne, grand Capitaine, i’en ufois de mefme à leur endroit comme i’aydit, & par ainfi nous viuionsen très grand paix & douceur d’efprit. Le feftin qui nous fut fait à noftre arriuée, fut d’un peu de bled d’Inde pillé, qu’ils appellent Ottet, auec