Le Soleil commençoit défia à quitter noltre orifon & nous priuer de fa lumière, lorfque nous partifmes de ce petit hameau, une partie de nos hommes fe fe- parerent après leur auoir fait la courtoilie de quelques fers à flefches, puis mon Sauuage & moy auec un autre tinfmes le chemin de Tequeunoikuaye, autre ment nommé Quieuindohian, par quelques François la Rochelle, & par nous la ville de fai net Gabriel, pour eftre la première ville du pays dans laquelle ie fois entré, elle eft auffi la principale, & comme la gardienne & le rempart de toutes celles de la Nation des Ours, & où fe décident ordinairement les affaires deplusgrande importance. Ce lieu eft affez bien forti fié à leur mode, & peut contenirenuiron deux ou trois cens mefnages, en trente ou quarante cabanes qu’il y a. A l’approche de ce bourg un grand nombre de Sau nages de tous aages, fortirent au devant de nous auec uneacclamation,& un bruitpopulairefi grand, que i’en auois les oreilles toutes eftourdies, & fus ainfi conduit iufques dans noftre cabane, où la preffe y eftoit défia 209 fi grande que ie fus contraint || de gaigner le haut de l’eftablie pour me libérer & faire quitte de leur em pêchement. Le pere & la mere de mon Sauuage me firent un fort bon accueil à leur mode, & par des careffes ex traordinaires me tefmoignerent l’aife & le contente ment qu’ils auoient de ma venue, & me traitèrent auec la mefme douceur& amitié de leurs propres en- fans, me. donnant tout fuiet de loüer Dieu en leur humanité & bienueillance. Ils prirent auffi foin de mes petites hardes afin que rien ne s’en perdit, &