— i83 — rameaux de cedre, ou à faute d’iceux fa petite natte de ioncs, qu’il auoit accouftumé de porter en de longs voyages: & compatiflant à mes trauaux défia alfez grands, il m’exemptoit de nager & de tenir l’auiron, qui n’eftoit pas me defcharger d’une petite peine, ou tre le feruice qu’il me rendoit de porter mes pacquets par tous les Sauts, bien qu’il fuit delià alfez chargé de les marchandifes, & à fon tour du Canot qu’il portoit fur fon efpaule, parmy de fi fafcheux & pénibles che mins, où il luy falloit faire diuers voyages. Un iour ayant pris le deuant comme eftoit ma couftume pendant que mes Sauuages defchargeoient le Canot & portoient les marchandifes au-delà des Sauts, ie me trouuay à l’improuifte efgaré, en une grande eflenduë de terre tremblante fous mes pieds, proche d’un lac, que nous deuions paffer: eftonné de celle nouueauté, ie m’en retiray fort doucement & à petits pas, fur un rocher qui eftoit là auprès, peur de plus grand inconuenient, car il n’y auoit point là lieu de feureté pour moy. Il y a plufieurs Autheurs, qui affeurent qu’il y a des Isles qui flottent fur les eaux, & mefme Hérodote faict mention d’une femblable, fituée prés la ville Botis, non loing du Nil, mais on s’en peut donner de garde, comme de celle-cy, car comme elles ne font pas tout à faiét deftachées de la || terre ferme, finon quelqu’unes, au premier pas on igo s’en peut tirer & fe mettre en chemin afleuré. Nous rencontrions aufli par fois de furieux bour biers, defquels nous receuions de grandes incommo- ditez & des peines nompareilles d’en pouuoir for- tir, que les iambes toutes embourbe'es, comme il ar-