— 182 — morceau de tondre, c’eft un bois pourry & bien fei- ché, qui brusle aifement & inceffamment iufques à tant qu’il foit confommé, ayant pris feu ils le mettent dans de l’efcorce de cedre puluerifée, & foufflant dou cement cette écorce s’enflamme. Voilà comme ils font du feu. Pourreuenir à noftre voyage, nous ne faifions chau dière que deux fois le iour, qui eftoit peu pour moy, en ce temps encor mal accouftumé à celle maniéré de viande, car i’en ufois à chafque fois fi peu que les deux repas ne meritoient pas le nom d’un bien petit, c’efl pourquoy i’ellois touliours fort foible fans auoir moyen de me fortifier, patilfantplusque mesSauuages, qui elloient accoultumez à cette façon de viure, ioint que petunans affez fouuent durant le iour, cela les confoloit, les fortifioit & leur amortiffoit aucunement la faim & non pas à moy, qui n’en ay iamais voulu ufer peur d’une habitude onereufe, de laquelle on ne fe fait pas quitte quand on veut, & fçay des perfon- nes extrêmement marries d’en auoir iamais ufé, pour ce qu’il nuyt plus icy pris en fumée qu’il ne profite à des perfonnes qui ont autre chofe à difner, ou qui ne font point incommodées des humiditez du cerueau, car alors il defeiche médiocrement pris , mafché, ou en fumée. 189 L’humanité de mon hofle eftoit remarquable, en ce que n’ayant pour toute couucrture & habillement, qu’une peau d’ours affez petite, || encor m’en faifoit il part de la moitié, la nu ici quand il pleuuoit, fans que ie l’en priaffe, & mefme me difpofoit la place au foir où ie deuois repoferla nuiél, auec quelques petits