— T 79 — le coupperent, ce fut de le tenir contre terre auecleurs pieds falles, & à mefure qu’ils en couppoient quelque pièce ils la iettoient dans la chaudière fans autre fel que le fable qui y tenoit attaché. || Les efcuelles def- 185 quelles nous nousferuions n’efloient iamais nettoyées que du doigt qui effuyoit le refie de la fagamité, dont aucunes ne pouvoient fentir bien bon, qui feruoient à tomber de l’eau dans leur Canot, & pour boire & manger comme i’ay dit. l’ay admiré l’honnefteté de leur action en tombant de l’eau fur terre, car outre qu’ils fe retiraient à l’efcart, ils s’acroupiffoient auec beaucoup de modeffie à l’exemple des anciens hommes d’Egypte, qui en faifoient de mefme, plus ciuils & bonnettes que les femmes des uns & des autres, qui fe tiennent debout en femblable néceffité fans fe beau coup efcarter. Ils faifoient par fois chaudière de bled d’Inde non concaffé, & bien qu’il fut toufiours fort dùr, pour la difficulté qu’il y a de le faire cuire entier, il m’agreoit dauantage au commencement, pour ce que ie le pre- nois grain à grain, & par ainfi ie le mangeois nette ment & à loifir en marchant & dans noflre Canot. Aux endroits de la riuiere & des lacs où ils penfoient auoir du poiffon, ils y laiffoient traifner après leur Canot, une ligne à lain, de laquelle ils accommodoient de la peau de grenouille efcorchée, auec quoy ils prenoient du poilfon, qui feruoit à donner go'uft à la fagamité, mais quand le temps ne les prelToit point trop, comme lorfque nous defcendimes pour la traiéle, le foir ayans cabané, une partie d’eux alloit tendre leurs rets dans le fleuue ou és lacs aufquels ils faifoient par fois de fort