— ’77 — L’heure de fe cabaner venue, mes Sauuages cher- choient une place propre pour y pafler la nuiét, où ai- fement fe pût trouuer du bois fec à faire du feu, finon ils s’accommodoient où la neceflité les contraignoit, quelquesfois bien, & quelquesfois mal, félon les occur rences. Le lieu choifi on y portoit le canot, nos pac- quets & tout ce qui efloit de noflre équipage, puis tous fe mettoient en befongne & trauailloient à ce qui efloit necetïaire pour le logement. Les uns alloient chercher du bois fec, & moy auec eux, les autres fept ou huiélper-1| ches pourdrefferla cabane, & d’autres 183 prenoient le foin de batre le fuzil & mettre la chau dière fur le feu, qu’ils attacboient en un ballon piqué en terre, pendant qu’un autre cherchoit deux pierres plattes pourconcaffer le bled d’Inde fur une peauef- tenduë contre terre, dcquoy on faifoit la fagamité. L’hollellerie dreflée & les roulleaux d’efcorces ef" tendus fur la charpente, qui penchoit en voûte, on ferrait les pacquets le long de la cabane contre les bois, & le canot en dehors, puis un chacun prenoit place le dos appuyé contre les facs & la marchandife à l’en tour du feu qu’on eftendoit de long afin qu’un chacun y pût participer, & en prendre pour petuner tandis que la chaudière bouïlloit. La fagamité ellant cuite toufiours fort claire, on dreflbit à chacun fon potage dans les çfcuelles d’efcor ces que pour ce fuiet nous portions quant & nous* auec chacun une cuilliere de bois grande comme un petit plat, de laquelle on fe fert à manger cette menef- tre foir& matin, qui font les deux fois feulement que l’on fait chaudière par iour, fçauoir quand on efl ca- 12