— i65 — de faim, comme il penfa arriuer lorfque les Anglois s’en rendirent maiftres, auquel temps ceux qui com- mandoient à Kebec, enflent bien defiré nous faire fouflrir les premiers, & tirer fi peu de bled d’Inde qui nous reftoit de noftre iardin, apres en auoir fa ici de bonnes aumofnes aux plus necefliteux, & voyla leur charité, qui nous vouloit faire porter la peine deüe à leur négligence & peu de foin. Mais fi nous voulons penetrerplus auant & voir de quel genre de deuotion ils fe font portez à la conuer- fion des Sauuages, nous trouuerons que nous n’auons eu aucun plus grand empechemens que de la part des François, car outre hi mauuaife vie de plufieurs, la plufpart ne defiroient pas en eff'ect, qu’il s’y fit aucune conuer-|| fion tant ils apprehendoient qu’elle 169 ne diminuât le trafique du caftor, feul & unique but de leur voyage. O mon Dieu, le fang me gelle quand ie rentre* en moy-mefme, & confidere qu’ils faifoient plus d’eftat d’un caftor que du falut d’un peuple qui vous peut aymer. Et l’indeuotion eft arriuée iufques là qu’une per- fonne de condition (Catholique de profeflion) interef- féedans le party, nous dit, au P. Nicolas, & à moy, que fi nous penfions rendre les Canadiens & Monta- gnais fedentaires proches de nous, comme nous en auions le deffein pour les pouuoir commodément inf- truire & maintenir dans noftre creance, qu’ils les en chafl'eroientàcoups de baftons, & les feroient retirer au loin hors de toute cognoiflance de leur traite, & voylacomme nous eftions fauorifez,&quel fecours nous pouuions efpcrer de perfonnes fi peu fentans le bien.