volonté, fans fe foncier du mefcontentementdes Fran çois, puis qu’on ne l’auoit pas contenté. Ils y entrèrent donc tous auec tant d’infolence & debrauade, qu’ayanseux-mefmes ouuerts les coutils &tiré hors de deffous les tillacs ce qu’ils voulurent, ils n’en donnèrent pour lors de pelleteries qu’à leur volonté, fans que perfonne leur ofaft contredire ny refifler. Le mal pour nous fut, d’y en auoir laiffé en trer trop à la fois, veu le peu de gens que nous ref- tions, car nous n’y eflions pour lors que fix ou fept, le refte de l’equipage ayant efté enuoyé ailleurs pour affaires, c’eft ce qui fit filer doux à nos gens, & les laiffer faire de peur d’eftre aflommez ou iettez dans la riuiere comme ils en cherchoient l’occafion, fi tant foitpeu on les eut voulu mal traiter. Le foir tout noftre équipage eflant de retour, les Sauuages ayans crainte, ou marris du tort qu’ils auoient fait aux François, tindrent confeil & adui- 155 ferent entr’eux, en || quoy & de combien ils les pou- uoient auoir trompez, & s’eftans cottifez apportèrent autant de pelleteries & plus que ne valoit leur lar- recin & toute la fraude qu’ils auoient faite, ce que l’on receut auec promeffe d’oublier tout le paffé, & de continuer toufiours dans l’amitié ancienne, & pour affeurance de paix on tira deux volées de canon, & puis on leur fit boire un peu de vin, ce qui les con tenta fort, & nous encor plus : car à dire vray, on craint plus de mefcontenter les Sauuages (àcaufedes pelleteries) qu’ils n’ont d’offencer les François. Ce Capitaine Sauuage m’importuna fort pour auoir noftre Chapelet & la Croix qu’il appelloit lefus, &me