— i5i — & les autres à coudre leurs efcuellesd’efcorces, & faire plufieurs autres petites ioliuetez auec des pointes de porcs efpics, teintes en rouge cramoify que ie trouuois admirables. A la vérité ie trouuay leur manger de fort mau- uaife grâce & defgoutant mfques au dernier point, comme n’eflant accouftumé à ces mets fauuages, quoy que leur courtoifie & ciuilité non fauuage m’en offrit, comme auffi d’un peu d’eau de riuiere à boire, qui efloit là dans un chaudron fort mal net, de quoy ie les remerciay humblement, car outre que ie n’auois point de foif, il n’y auoit guere d’appetit à une eau fi mal nette, bien que le Sauuage qui n’auoit autre chofe à me prefenter, ne fut guere content de mon refus, non plus que moy de ne le pouuoir contenter, le demande neantmoins pardon à noflre Seigneur de ne l’auoir pas fatisfait, & confeffe mon peu de morti fication en une chofe ou on penfoit m’obliger & tef- moigner delà beneuolence. Toutes mes vifites faites, ie m’en allay au port par le chemin de la foreft auec quelques François que i’a- uois de compagnie : mais à peine y fufmes nous ar- riuez & entrez || dans noflre barque, qu’il penfa nous 154 y arriuer une difgrace. Ce fut que le principal Capi taine des Sauuages nommé la Foriere, eflant venu nous voir dans noflre barque & peu content du petit prefent de figues que noflre Capitaine luy auoit fait, au fortir du vaiffeau les ietta dans la riuiere par def- pit, & aduifa fes Sauuages d’entrer, tous fil à fil dans noflre barque, & d’en emporter toutes les marchan- difes qui leur faifoient befoin, & de les payer à leur