— i 4 5 — faiél cognoiftre la fterilité de la terre & qu’on n’en pourrait à peine tirer aucun profit. Il y a feulement un petit iardin deuant la rade, en lieu un peu esleué, que les Mattelots cultiuent quand ils font là arriuez, & y fement de l’ozeille & autres petites herbes, qui leur feruent à faire du potage, en faifant leur pefche & la feicherie de moluës fur le gallay. Ce qu’il y a de plus commode & confolatif apres la pefche & la chaffe,qui y eft médiocrement bonne, eft un beau ruiffeau d’eau douce, || tres-bonne à boire, 147 qui fe defcharge au port dans la grand mer, de deflus les hautes montagnes qui font à l’oppofite,fur lefom- met defquelles me promenant par fois, pour contem pler de l’autre cofté l’embouchure du grand fleuue S. Laurens, par où nous deuions paffer pour Tadouffac, i’y vis quelques lapins & perdrix, comme celles que i’ay veuës du * depuis dans le pais des Hurons: & comme ie defirois m’employer toufiours à quelque chofe de pieux & qui me fournit d’un renouuellement de ferueur à la pourfuite de mon deflein, ne pouuans planter d’autres Croix, i’en grauois auec la pointe d’un coufteau dans l’efcorce des plus grands arbres, auec des noms de Iesus, pour marque que nous prenions poffeflion de celle terre au nom de lefus-Chrift noftre Maiftre, ou le feul & vray Dieu ferait dorefnauant adoré. Nos gens ayans mis ordre à toutes leurs affaires & difpofé un grand efchafaut pour la pefche de la moluë qu’ils auoient hautement pris fur un particulier pef- cheur arriué le premier, ils laiiferent noftre Nauire au port pour leur feruir, & nous embarquâmes dans 10