— 144 — faiét qu’on ne femet pas beaucoup en peine d’en chaf- fer. Noftre P. lofeph médit auoir veu les dents de ce- luy qui fut pris, & qu’elles eftoient fort greffes & longues à proportion. Le lendemain nous eufmes laveuë de la montagne, que les Matelots ont furnommée Table de Roland, à caufe de fahauteur, & les diuerfes entre-coupures qui font au fommet d’icelle. Puis peu à peu nous appro- , chafmes des terres iufques à Gafpey, qui eft eftimé fous la hauteur de 48. degrés deux tiers de latitude, où nouspofafmes l’anchre pour quelques iours. Cela 145 nous || fut une grande confolation ; car outre la necef- fité que nous auions de nous approcher du feu, à caufe des humiditez de la mer, l’air de la terre nous fembloit merueilleufement fouëf : toute cette baye ef- toit tellement pleine de Baleines, qu’à la fin elles nous eftoient fort importunes, & empefchoient noftre repos par leur continuel tracas, & le bruit de leurs efuents. Nos Mattelots y pefcherent grande quantité de hou- mars, truites, macreaux, moluës, & autres diuerfes efpeces de poiflbns, entre lefquels y en auoit de fort laids, qui nous font icy incognus. Cette Baye de Gafpey peut auoir à fon entrée trois à quatre lieuës de largeur, qui fuit à Norroueft enui- ron 4. ou 5. lieuës, où au bout il y a une riuiere, qui va affez auant dans les terres, où ie penfay aller dans une chalouppe auec quelques Mattelots, qui y furent quérir une barque qu’on y auoit cachée dés l’année precedente. Toute cette contrée eft fort montagneufe, haute & prefque par tout couuerte de mefchant bois, qui