— 140 — fortereil'e au deffus qui ferait imprenable, mais les chofes ne fe font qu’auec le temps, il faut penfer aux chofes plus neceffaires les premières, y palier des fa milles pour cultiuer, & des Religieux pour trauailler à la conuerfion des Sauuages que l’on tient fort fa- ges dans leur barbarie, & fort bonnettes & pofez en leur conuerfation. Au relie accommodez en leurs vef- temens & cheuelure comme les Montagnais & autres Sauuages de la Terre neuue. Eftans entrez dans le Golfe ou grande baye S. Lau- rens, nous trouuames dés le lendemain matin ce tant renommé Rocher que Dieu a etlably & pozé au mi lieu de ce Golfe, pour la retraite d’une, infinie multi tude d’oyfeaux de diuerfes efpeces qui le couurent partout en telle quantité qu’on ny fçauroit prefque pofer le pied, fans marcher fur lefdits oyfeaux, fur leurs nids, ou fur leurs œufs. Cette voliere ainfi ettablie par la diuine prouidence, etlesloignée dix-fept ou 18. lieues du Cap Breton, & fous la hauteur d’enuiron 47. degrez & trois quarts. 11 ett plat au deffus un peu en talus, coupéàlentour* comme une muraille, de circuit enuiron une petite lieuë, en forme ouale&difficile à monter. Nous auions propofé d’y aller quérir des oyfeaux s’il eut fait calme, mais la mer un peu trop agitée nous en empefcha & 42 priua de ce contentement. Quand il y fait vent les oyfeaux s’esleuent facile ment de terre, autrement il y a de certaines efpeces qui ne peuuent prefque voler, & qu’on peut ayfement affommerà coup de battons, comme auoient faits les Mattclots d’un autre Nauire, qui auant nous en