— 12Ô — reurs, pour vous dire que nonobftant tout ce qui fe paffe peu periffent, & que l’on n’eft pas fi tort en terre que l’on veut retourner en mer où la fanté fe trouue fortifiée par le vomiffement & la diette. Quand la tempefle nous prit nous eflions bien auant au delà des Isles Alfores qui font Isles riches & bien peuplées appartenant au Roy d’Efpagne, defquelles nous n’approchafmes pas plus prés que d’une iournée au dire de nollre Pilote. Ordinairement apres une grande tempefte vient un grand calme, comme en effet nous en auions quelques fois de bien importuns, qui nous empefchoientd’auan- 126 cer chemin, || durant lefquels les Mattelots ioüoient & danfoient fur le tillac ; puis quand on voyoit fortir de deffous l’Orizon un nuage efpais, c’eftoit lors qu’il falloitquitterces exercices, & prendre garde d’un grain de vent qui efloitenueloppélà dedans, lequel fe deffer- rant grondant & fifflant, eftoit capable de renuerfer noftre vaiffeau s’en defl'us deffous, s’il n’y eult eu des gens prefts à executer ce que le maiftre du Nauire com- mandoit. Or le calme qui nous arriua apres cette grande tem pefte nous ferait fort à propos, pour tirer de la mer, un grand tonneau de très bonne huile d’oliue, que nous apperçeufmes flottant fur les eauës affez proche de nous, nous en apperçeufmes encore un autre deux ou trois iours apres : mais la mer un peu trop agitée pour lors nous en priua. Ces tonneaux comme il eft à prefumer eftoient de quelque Nauire brizé en mer par les furieufes tourmentes & tempeftes que nous auions fouffertes peu de temps auparauant.