121 urentauiourd’huy prefque toute la furfacedela terre, dont les uns femblent honneftes gens & paffent pour des gros Meilleurs, & ceux là font les pires de tous, car ils defrobent beaucoup & font pendre ceux qui prennent le moins. Les autres moins dangereux font ceux qui comme Hibous ne vont que de nuiét, font allez malcouuerts &auffi peu courtois, onttoufiours || la mine morne, trille & penfiue comme gens de mauuaife confcience, mais il y en a unetroiliefmeef- pece entre les deux, qui font les filous, les tireurs de laine, les emmielleux, les caioleurs, les fubtils, ceux qui vous font acroire que le blanc eft le noir, font des querelles d’Allemands entr’eux, puis feignent de fe battre pour attaquer ceux qui veulent mettre le hola,& puis crient les premiers auxvolleurs; ce font ces batteurs de paué qu’il faut appréhender. O qu’il eft bon de ne fefier auiourd’huy qu’en Dieu, toute la terre eft couuerte de liens & de piégés contre les gens de bien & ceux qui marchent dans la candeur & la (implicite. C’eftle régné des mefchans & de ceux qui tirent le fang & la fubftancedu peuple, defquels Dieu fera vengeance un iour & n’aura non plus de pitié d’eux qu’ils en ont eu du peuple. Or de mefme que la terre a fes larronneaux, voleurs & brigands, la mer a fes pirates, efcumeurs de mer& forbans, & fi les uns font bien mefchans fur la terre, les autres ne leur cedent en rien fur le? eaux, car ils brifent les furieux flots de la mer & courent les vaftes campagnes de cet élément impitoyable auec la mefme gayeté qu’ils feroient fur la terre fans appréhender ny la mort ny le fond des abifmes, qui les va toufiours 120