— 11 9 — Mareine. Nous nous desbarquames & n’eftans qu’à deux bonnes lieues de Broüage nous y allâmes paffer quelque iours de repos, auec nos freres de la Pro- uince de la Conception, qui y onteftablyunConuent, lefquels nous y receurent & accommodèrent auec beaucoup de charité. Noftre Nauire eftant chargé, & preft de fe remettre fous voile, nous retournâmes nous rembarquer auec un nouueau Pilote de Mareine qui deuoit nous recon duire au port de la Rochelle, mais Dieu adorable en fes iugemens, permit que ce Pilote nous penfa encor efchouër, ce qu’indubitablement aurait efté fans le grand iour qui fift voir le fond de l’eau, cela || luy ofta 118 la prefomption & vanité infupportable de laquelle en flé, il s’eftimoit le plus habile Pilote de cette mer, aufli eftoit il de la prétendue Religion, & des plus opiniaftres, ainfi qu’eftoit le premier qui nous auoit efchoué quoy que plus retenu & modefte. Vers la Rochelle il fe voit grande quantité de Mar- foiris, defquels nos Mattelots ne firent point eftat, comme de ceux qui fe prennent en pleine mer. Ils pefcherent forces * feiches lefquelles accommodées fembloient des blancs d’œufs durs fricaffez, ils prin- drent aufli des Grondins auec des lignes & hameçons qu’ils laiflbient traîner après les galleries du Nauire, ce font poiflons un peu plus gros que des rougets, lefquels nous feruoient à faire du potage. L’on dit que ce poiffoneftappellé Grondin d’autant qu’eftant hors de la mer il ne cefle de gronder comme un petit pourceau, contre l’ordinaire des poiflons qui ne crient iamais, mais à caufe de mon mal de mer qui