— n8 — quatre anchres & eftre fur leur garde attendant l’affif- tance & mifericorde de noftre Seigneur. le loue Dieu, qu’ayant pitié de ma foiblefle, il me lift la grâce d’eftre fort peu efmeu pour le danger prefent & eminent, ny pour tous autres que nous auons eu pendant noftre voyage, car il ne me vint iamais en la penfée (me confiant en fa diuine mifericorde) que deuffions périr, autrement il y auoit grandement à craindre pour moy, puis que les plus expérimentez Pilotes & Mariniers n’eftoient pas fans crainte & ap- prehenfion, un defquels indigné du peu de peur que ie tefmoignois pendant une furieufe tourmente de huiét iours, me dit un peu en cholere qu’il doutoit que ie fufl'e Chreftien de n’aprehender pas en des pé- 117 rils & || dangers fi eminens ; ie luy refpondis que nous eftions entre les mains de Dieu, qu’il ne nous aduien- droit que félon fa fainfle volonté, que ie m’eftois em barqué en intention d’aller gaignerdes âmes à noftre Seigneur au pais des Sauuages, d’y endurer mefme le martyre fi telle eftoit fa fainéte volonté : que fi fa di uine mifericorde vouloit que ie perifle en chemin ie ne m’en deuois point affliger, que d’auoir tant d’ap- prehenfion n’eftoit pas un bon ligne : mais qu’un cha cun deuoit pluftoft tafcher de bien mettre fon ame auec Dieu, & après faire ce qu’on pourrait pour fe deliurer du naufrage, puis laiffer le refte du foing à Dieu. Après eftre deliuré du péril de la mort & de la perte du Nauire qu’on croyoit inneuitable,nous mifmes la voile au vent, & arriuames d’affez bonne heure à la riuiere de Suedre, où l’on deuoit charger du fel de