I 12 no Les Sauuages en leur fuerie, firent d’une pierre deux coups, car parmy les chants qu’ils y font d’or dinaire, ils y en adioufterent d’autres auec de grands tintamarres & des chimagrées dignes de leurs per- fonnes, pour obtenir un vent propre à leur nauiga- tion. Durant ce temps là deux ieunes Sauuages ef- toient en fentinelle pour prendre garde au vent, lef- quels peu d’heures apres accoururent promptement à la cabane où fe tenoit le fabbat, difant, ceffez, ceffez, voila bon vent, & tous ceflerent, & fe refioüirent de leur Manitou, difans au Pere, que ce n’auoit pas efté fon lefus qui leur auoit envoyé un ventfi fouhaitable mais leur bon Manitou, par le moyen de leur cere monie. Dieu, qui eft ialoux de fon honneur leur fift bien- toft repentir de leur trop prompte venterie car ils ne furent pas à deux ou trois lieues de là, qu’il s’esleua un vent fi impétueux & extraordinairement contraire &'violent, qu’ils penferent tous périr, & furent reiet- tez d’où ils efloient partis, heureux d’auoir pu gai- gner terre, où ils eurent tout loifir de penfer au peu d’effecf de leur ceremonie, comme au pouuoirde nof- tre Dieu, qui feul leur pouuoit donner le temps qu’ils defiroient, ainfi que leur fift entendre le Pere en la reuenche qu’il eut, refpondant à leur folle croyance. Puis leur dit: Vousauez eu recours à voftre Mani tou pour auoir un vent propre, & il vous en adonné un contraire & vous a trompé. Or à prefent ayons re- 111 cours à lefus, & vous || verrez qu’il nous exaucera & fera paroiftre fon pouuoir par-deffustous les démons,