III — doubler la riuiere du Saguenay, || & d’aborder les 109 barques Françoifes qui eftoient là à l’anchre, at tendant la flotte de France qu’on efperoit dans peu de iours. Or le lendemain matin les Sauuages du Pere ayant efté abouchez par un autre plus grand nombre qui eftoient là attendans d’autres de leurs amis pour aller à la guerre, .ils furent perfuadez d’eftre de la partie, & de renuoyer ledit Pere dans fon Conuent iufques à un autre temps qu’ils le reprendraient pour fon def- fein, tellement qu’il fallut qu’il s’en retournai! dans un canot de Montagnais fans pouuoir pafler plus outre, marry que fon voyage ne luy auoit mieux fuccedé. Ces Montagnais allèrent le iour & la nuiét tandis qu’ils eurent le vent propice, mais leur ayant man qué ils prirent terre & drefferent une fuerie pour pur ger leurs mauuaifes humeurs (i’en ay defcrit la mé thode au fécond liure de ce volume) pendant que le Pere accommodoit à part fa petite cuifine qui ne luy reuflît guere bien. Il auoit un petit pacquet de ris qui eft la meilleure prouifion que l’on puiffe auoir entre les Sauuages, il s’eftoit aufli muny d’un petit chau dron à Kebec, pour luy feruir, mais il fut bientoft egarré, non fans foupçon qu’il luy euft efté enleué par les Sauuages, & fallut qu’il fe ferait d’un des leur * qui leur feruoit à faire griller des pois, mais qui ren dit fon ris d’un fi mauuais gouft, qu'il ne fuft pof- fible à perfonne d’en pouuoir manger, nonpasmefme les chiens pour affamez qu’ils fuffent, ce fuft là le moyen de coucher à la legere, & n’eftre point trop affbupis le matin.