— 109 — vous efl neantmoins permis de faire comme eux, & ufer de vos biens auec eux, mais tous ne peuuent viure comme les belles, qui mangent le iour & la nuiél pendant qu’elles ont de quoy, & par ainfi il faut lailfer || palier la fefte fansen'eflre, encor qu’elle 107 foit à vos defpens. Preuoyant ce mauuais mefnage i’auois ferré un peu de bifcuit dans un petit fac que ie tenois caché foubs mon manteau, pour me feruir dans la necelïité, mais il fut bien-toll defcouuert & mangé fur le champ, & par ainfi nousdemeurafmesà deux de ieu, auiïi bien pourueus l’un comme l’autre, d’un rien du tout, li non du maïs qu’ils auoient cachez par les champs en defcendant; & voila comme ils feraient bons freres Mineurs s’ils eftoient bons Chrelliens, car ils ont bien peu de foin du lendemain, s’appuyans fur la diuine Prouidence, qui nourrit lesoyfeaux du Ciel. Il y a une chofe à remarquer en eux, que lors qu’ils ont peur, ou fongent à quelque malice, ou bien qu’ils preuoyent quelque danger ou péril, c’efl alors qu’ils chantent principalement, tellement que l’on peut prendre à mauuaife augure quand les Sauuageschan- tent feuls par les bois, ou à la campagne, finon que ce foit pour un fimple diuertilfement d’efprit, comme ils font quelquefois. Au premier gifle que ce bon Pere fift auec fes Sau- uages, il leur fallut entrer dans les fanges iufques à my-jambes, pour ce que leurs chalouppes ne peurent aborder la terre ferme, qui efloit bien auant dans les marefls, & puis le mauuais temps, le froid, & les pluyes en rendoient lelieuquafi inacceflible. Le bon