— 101 Or le bon homme ne faifoit pas moins des Tiennes pour defcouurir les auteurs delà maladie de fon frere, que le maiftre Pirotois dans fa petite tour., car il fai foit des geftes & des grimaffes admirables, il fe deme- noit, il fe frappoit le vifage auec une forme de tam bour de bafques dans lequel y auoit quelque * petits cailloux ou grains de bled d’Inde, & audeffus eftoient dépeintes des figures de diable; il heurloit, il tempef- toit, & faifoit des cris efpouuantables, qui euffent faict peur à des perfonnes peu a(feurées & encores moins accouftumées à ces chariuaris, & puis tout à coup l’un & l’autre faifoient des paufes & demeuroient un petit efpace de tems dans un profond filence, au mi lieu duquel le malade interrogeoit fon Médecin de l’autheur de fon mal, qui luy en contoit à plaifir & toufiours des bourdes qu’il teauoitgentimentcontrou- ueren charlatan raffiné. A la fin apres auoir encore bien tintamarré & faiél des inuocations à ce démon, il fut conclud || par le gg Pirotois que le mal auoit efté donné par un Sauuage fort esloigné de là, fur quoy refolution futprife qu’on l’enuoyeroittuer par l’un des freres du malade (car ils eftoient plusieurs) afin de tirer par cefte mort, la ven geance de fa malice & la guerifon du malade comme i’aydit. Voyla comme le diable fe iouë de tes panures miferables, & comme par tes pernicieux confeils, il les deftruiét de forte qu’ils ne peuuent mefme mul tiplier ny croiftre en nombre à caufe cte fes tueries, non plus qu’en lumière & cognoiflance de leur mal heur. Le Pere Irenéeeftonné d’un fi mefchant confeil & que