— 98 — Le corps ayant efté enfeuely & expofé honneftement lur le tillac, les Peres dirent l’Office & les prières ac- couftumées, après lefquelles il fut ieété dans la mer une grolle pierre attachée à fon pied pour le faire cou ler au fond : il n’y eut qu’une feule chofe en quoy on manqua, qui fut de n’auoir retenu de fes cheueux & de fes ongles, mais de fes cheueux principalement félon qu’ils ont de couflume, pour les monftrer à fes parens & à tous ceux de fa nation, à fin de leur ofter toute finiftre opinion qu’on l’euft tué ou fubmergé, car comme ils font affez foupçonneux d’eux mefmes, il ne falloir que ce manquement là, pour les mettre en rumeur (nous dirent quelques Sauuages de nos amis): on ne lailfa pas neantmoins de faire des prefens aux plus prochains parens du deffunfl, pour leur of ter tout fuiect de plainte, & nous mettre en affeurance de ce collé là. Tandis qu’on eftoit occupé de l’enterrement du def- funét le Nauire fuiuoit fa routte & aduança iufques à Tadouffac où ils arriuerent fort heureufement, finon qu’ils frayèrent une roche entrant au port, qui les penfa perdre, de quoy efchappez, ils rendirent grâces à Dieu & mouillèrent l’anchre pour le repos d’une fi 96 longue || nauigation, pendant laquellele P. Guillaume relia toufiours fain & gaillard & le P. Irenée au con traire prefque toufiours malade & incommodé, voyla comme tous n’ont pas une mefme grâce naturelle ny la force & vertu de pouuoir fupporter l’air de la mer & la violence des tourmentes qui caufent à la plufpart des maux de cœur fort grands , lefquels neantmoins fe gueriffenten abordant la terre, fi pluftoft ils nequit-