— 97 ~ reuerence, mais ce qui eftoit de merueilleux, eft que iatnais il ne mangeoit qu’il ne ioignit premièrement les mains & remuoit les leures, comme faifoit mon grand Sauuage Huron, il s’armoit du figne de la S. Croix &difoithumblementcesdiuines paroles: lefus ayez pitié de moy. Et comme il fe fentit diminuer de force & en des apprehenfions de mourir fans auoir receu le S. Bap- tefme, il recommença de plus bel & auec desafeétions plus preffantes à prier qu’on eut à luy donner, au trement qu’il eftoit perdu. Le Pere Irenée luy fit dire parle truchement qu’on apprehendoit que fi Noftre Seigneur luy rendoit la fanté, qu’il retournait de re chef viure en fon ancienne vie fauuage & delaiffaft le Chriftianifme, il protefta que non, & qu’il vouloit viure & mourir en noftre Sainéle Religion. La deflus on prift affeurance du General qu’il contribuerait à fa nourriture s’il reuenoit en conua- leflence, peur que la neceftité le contraignitde retour ner à fon ancien pofte, c’eft à dire vie barbare, puis on le baptifa. Chofe admirable le Pere Commiflaire ne luy euft pas pluftoft conféré ce Sacrement après un aéle de contrition qu’on tira de luy, qu’il rendit fon ame à Dieu le Créateur comme || s’il n’euftattendu 9^ que cette application pour paflerde cette vie en l’au tre : ce qui me fa ici dire avec S. Paul, O grandeur des merueilles de Dieu, combien vos voyes'font infcru- tables, voicy un Sauuage qui fort de fon pays, il tombe malade, il eft baptifé, il meurt, & le voyla fauué plus heureufement que beaucoup de Chreftiensqui viuent & meurent en infidels.