— 9 6 — la faim, mangeoit fans relâche, & empirait à mefure qu’il croyoit fe mieux porter du corps, tandis qu’in- terieurement Dieu illuminoit fon ame & le tiroit des tenebres pour le mettre à la grâce. Le Perelrenée qui auoitpris foin de luy, l’oyoit fou- uent plaindre la nuit & s’efcrier en fon patois Fran çois qu’il efcorchoit au moins mal : Moy pourquoy point Chreftien, moy pourquoy point Baptifé, & eft à noter qu’eftant en France il auoit efté fouuent follicité des Huguenots d’embrafler leur prétendue Religion, ce qu’il ne voulut iamais faire, Dieu le referuant pour fon Eglife & pour fon Palais celefte, ou les Heretiques n’ont aucune part ny ceux qui font hors de l’Eglife, car hors icelle, il n’y a point de falut. Le Pere Irenée le voyant fi perfeveremment deman der le S. Baptefme, creut qu’il y auoit là quelque chofe de Dieu & qu’il ne deuoit point négliger cette ame laquelle fa diuine Maiefté vouloit fauuer, la difficulté eftoit de luy faire entendre les myfteres de noflre S. Foy, & tirer de luy la confeffion d’un Dieu mort pour nous en croix, mais il n’y auoit point là de truche ment qui le pû faire, pour ce, comme i’ay dit ailleurs, qu’ils n’ont point de mots propres pour leur faire en tendre nos myfteres, & fi le pauure malade fçauoit fort peu de François. Le Pere luy fift neantmoins comprendre au mieux 94 qu’il pû, plus par fignes que pa-1| rôles, car Dieu n’oblige pas à l’impoffible, apres quoy il luy prefente une Image du crucifiement de Noftre Seigneur qu’il prift auec grande reuerence en oftant fon bonnet, & la mift auprès de luy, & fouuent luy faifoit la mefme