— 346 — treffes de cheueux : quelqu’unes d’entr’elles ont auïïï des chaînes, ceintures, & des braffelets faits de poil de porc epic, taints en rouge cramoify & fort propre ment tiffuës, les uns larges comme une fangle, & les autres comme une grofle gance, & cette teinture eft fi viue & tient de telle forte qu’elle fait honte à l’ef- carlate. Pour les ieunes hommes ils ont la mefme curiofité de s’embellir & farder comme les filles. Ils huylent leurs cheueux & y appliquent des plumes & du duuet fort ioliment, & au lieu de collet de fine toille, ils le font des petites fraizes du mefme duuet, qu’ils met tent autour de leur col, fort proprement arrangez. Il y en a qui pour brauerie portent de grandes peaux 3y3 deferpens fur le front en guife de fronteaux, qui || leur pendent par derrière une grande aulne de Paris de chacun cofté. Ils fe peindent auffi le corps & la face de diuerfes couleurs, de vert, de iaune, de noir, rouge & violet qui font leurs couleurs les plus communes. Vous leur voyez quelquefois la face toute bigarée de rouge, & de vert, quelquefois ils n’en peignent qu’un cofté, depuis le fommet de la tefte iufques au col, il y en a de fi induftrieux qu’ils fe figurent toute la face, & le corps deuant & derrière, de paffements tirez au natu rel, & des compartimens auec diuerfes figures d’ani maux affez bien faites pour des perfonnes qui n’ont pas appris l’art de la peinture. Mais ce que ie trouuois de plus effrange, & d’une folie plus eminente, eftoit de ceux qui pour eftre efti- mez courageux, & redoutables à leurs ennemys, pre-