— 3 4 3 — de ce qu’ils ne font point violentez ou contraints comme les Mignons & Muguettes de par-deçà, par des habits trop eftroits qui forcent leur naturelle dif- pofition, & la raifon en eft tres-bonne, d’autant que par cet emprelfement d’habits pour fembler linges * & bien faites, les femmes qui en ufent de la forte font pour la plus part contrefaites, bofluës, voûtées & ri dées , encore qu’il n’apparoiffe point au dehors, les quelles fi elles eftoient veuës en cette difformité par les Sauuages, ils auroient de quoy rire & fe mocquer de nous, eux qui n’ont accouflumé de voir les chofes que dans le naturel non violenté. Il faut aduoüer pourtant que ces affiquets mon dains, ces gorges defcouuertes & ces étoffés rauiffan- tes, quelque difformité qu’elles couurent font des piégés bien plus pefans, & defquels le Diable tire un bien plus grand aduantage que de la nudité de nos Sauuageffes, qui porte ie nefçay quoy de defplaifant à la veuë de ceux qui l’ont tant foit peu chafte, car il n’y a que les mal-fages qui s’y meslent. Or laifl'ons à part les difformitez qui viennent par accident, & difons qu’il eft vrayfemblable que les femmes, entre les Chreftiens, engendrent plus de monftres, & d’enfans marquez & contrefaits, que ne font les femmes Sauuagelfes de noftre Canada, & me femble que cela arriue plus ordinairement à celles qui font les mignardes, & de- || licates, & qui ont le 3yo loifir d’entretenir leurs penfées, qu’à celles qui ont moins de loifir, car n’ayans point d’occupations fe- rieufes, il faut de neceftité qu’elles donnent lieu à une partie de leurs folles imaginations & fantafies, ce que