— 331 — prendre le François auec eux, mais comme en toute leur langue il ne fe trouue aucune lettre labialle, ny les uns ny les autres n’en pouuoient prononcer une feule que très difficillement. Pour dire P. ilsdifoient T. pour F. S, & || pour M. N. &c., & par ainfi il 356 leur eut efté comme impoflible delà pouuoir appren dre dans leur pais (i’entends les perfonnes aagées) qu’auec une grand longueur de temps & des peines indicibles, & fuis afïeuré qu’un ieune garçon Huron s’efforça deux ou trois cens fois pour pouuoir pro noncer la lettre P & ne pû iamais dire que T, car voulant dire Pere Gabriel il difoit T. Auiel. Les Montagnais non plus que les Hurons, n’ont pas tant de lettres en leur Alphabeth, que nous en auons aunoftre, car ils n’ont point les lettres F. L. V. ils prononcent un R au lieu d’un L. ils prononcent un P. au lieu d’un V. & ont plufieurs autres obfer- uations en leur langue qui ne peuuent eflre conceues que par ceux qui ont l’ufage de ladite langue, mais elle eft telle que les enfans qui ont la langue affez bien pendue prendroient bien-toft noflre prononciation fi on les inftruifoit, & encores affez facilement les Hu- rons, car les deux qui furent enuoyez en France il y a quelques années, dont l’un nommé Sauoignon eft retourné en fon païs, & l’autre nommé Louys eft refté à Kebec, s’y font formez, particulièrement le petit Louys, car pourl’autre il n’a iamais efté bien fçauant, aufti eftoit il plus aagé & moins apte pour apprendre que le dernier qui eftoit plus ieune & gentil. Il faut que ie vous die de ce Sauuage ce petit mot en paflant, que tous les Hurons l’eftimoient menteur,